Le besoin crucial d’accès à l’énergie en Afrique : une feuille de route vers la prospérité

By | 4 février 2025

Partout en Afrique, le soleil brille et les ressources naturelles abondent. Pourtant, malgré cela, un problème urgent menace d’étouffer la croissance et la prospérité du continent : le manque d’accès à une électricité fiable et durable. Alors que nous nous préparons pour le Sommet africain de l’énergie, qui se tiendra les 27 et 28 janvier 2025 à Dar es Salaam, en Tanzanie, l’urgence de répondre aux besoins énergétiques de l’Afrique ne peut être surestimée.

Sans électricité, l’Afrique ne peut pas réaliser ses aspirations de développement et prendre la place qui lui revient à la première table mondiale. Ce sommet est une étape cruciale vers la libération du vaste potentiel de l’Afrique et l’autonomisation de ses populations.

La dure réalité de la pauvreté énergétique et du secteur électrique africain

Aujourd’hui, près de 600 millions d’Africains, soit environ la moitié de la population du continent, vivent toujours sans accès à l’électricité. Pour ces personnes, la vie quotidienne est une lutte éclairée par la faible lueur des lampes à pétrole ou le bourdonnement intermittent des générateurs diesel.

Ces solutions provisoires sont non seulement coûteuses mais aussi polluantes, perpétuant un cycle de pauvreté et de dégradation de l’environnement. Au rythme actuel de l’électrification et compte tenu de la croissance démographique rapide de l’Afrique, le nombre de personnes privées d’électricité restera largement inchangé à moins que nous ne prenions des mesures audacieuses et immédiates.

Ce défi est d’autant plus important en Afrique que, depuis de nombreuses décennies, le secteur de l’électricité est confronté à de nombreux défis interdépendants, notamment les faibles taux d’accès, le manque d’entretien, le manque d’investissement, les tarifs qui ne reflètent pas les coûts, les subventions inabordables et le manque de viabilité financière. La plupart des services publics africains sont en difficulté financière : ils ont du mal à couvrir leurs coûts d’exploitation et ne peuvent pas financer les dépenses d’investissement nécessaires pour maintenir leurs opérations, ce qui les oblige à dépendre des subventions publiques.

Dans le même temps, la plupart des financements disponibles pour les projets énergétiques sont aujourd’hui en monnaie forte, ce qui n’est pas toujours tenable car les services énergétiques sont payés par les populations locales en monnaie locale, ce qui entraîne un déséquilibre monétaire occasionné par la volatilité des monnaies locales par rapport aux monnaies fortes internationales.

En outre, les autorités de régulation sont soumises à des interférences politiques dans la plupart des pays africains, ce qui affecte leur prise de décision et leur capacité à mettre en œuvre des politiques qui soutiennent le développement à long terme du secteur.

Je crois passionnément que sans accès à une électricité fiable, abordable et durable, l’Afrique ne pourra pas réaliser ses aspirations de développement. L’accès à l’énergie est la pierre angulaire de la transformation économique, ouvrant des opportunités en matière d’éducation, de soins de santé, d’égalité des sexes et de génération de revenus. C’est une condition préalable à la création d’un avenir vert et résilient, un avenir où la pauvreté ne sera plus qu’un vestige du passé.

Mission 300 : une vision audacieuse pour l’avenir

En réponse à ce besoin urgent, le Groupe de la Banque africaine de développement, la Banque mondiale et d’autres partenaires ont lancé une initiative ambitieuse appelée Mission 300. Cette initiative vise à fournir un accès à l’électricité à 300 millions d’Africains d’ici 2030. Mission 300 n’est pas seulement un chiffre ; il représente des vies transformées, des économies revitalisées et des communautés autonomisées.

Le plan se concentre sur l’accélération de l’électrification grâce à un mélange d’extensions de réseau et de solutions d’énergie renouvelable distribuée, telles que les mini-réseaux et les systèmes solaires domestiques autonomes. Ces solutions sont particulièrement efficaces pour atteindre les zones fragiles et éloignées où l’infrastructure de réseau traditionnelle est impraticable. Ces efforts sont complétés par des investissements dans la production, le transport, l’interconnexion régionale et la réforme du secteur pour garantir que l’approvisionnement en électricité soit non seulement fiable, mais aussi abordable et durable.

Partenariats et réformes : les clés du succès

La Mission 300 ne réussira que grâce aux efforts collectifs des gouvernements, des acteurs du secteur privé et des partenaires internationaux. Les gouvernements doivent mener la charge en mettant en œuvre des réformes essentielles pour rendre le secteur de l’énergie plus efficace et les services publics plus robustes. Des processus d’appel d’offres transparents et compétitifs pour de nouvelles capacités de production, ainsi que des mécanismes de recouvrement des coûts pour les services publics, sont essentiels.

Les régulateurs devront réagir avec la souplesse et l’innovation appropriées pour rester réactifs à un environnement technologique et commercial en évolution rapide. Les gouvernements et les partenaires de développement doivent amplifier l’appel au commerce régional de l’électricité pour faciliter l’abandon du modèle d’acheteur unique et permettre l’intégration durable des énergies renouvelables variables (ERV) dans les réseaux faibles afin de contribuer à façonner les voies de transition énergétique des pays africains.

La participation du secteur privé est essentielle pour relever les défis énergétiques de l’Afrique, en particulier compte tenu de la croissance rapide de la population africaine et de la nécessité d’investissements accrus. Le secteur privé joue déjà un rôle essentiel dans l’élargissement de l’accès aux énergies renouvelables, notamment par le biais de solutions énergétiques décentralisées, un domaine dans lequel les projets traditionnels à l’échelle des services publics sont limités en raison de contraintes d’infrastructure.

Parallèlement, les banques multilatérales de développement et les organisations philanthropiques doivent intensifier leurs efforts pour débloquer des capitaux privés en faveur du secteur de l’énergie par le biais d’instruments de financement ciblés, d’outils d’atténuation des risques, d’assistance technique et de plaidoyer politique.

Le Fonds d’accélération de la Facilité technique récemment lancé est une étape prometteuse dans cette direction, en fournissant une assistance technique aux gouvernements et en contribuant à rationaliser les processus pour atteindre les objectifs de la Mission 300.

Un moment décisif : le Sommet africain de l’énergie

Le prochain Sommet africain de l’énergie représente un moment charnière pour le continent. Organisé par le gouvernement de la République-Unie de Tanzanie, l’Union africaine, le Groupe de la Banque africaine de développement et le Groupe de la Banque mondiale, ce sommet réunira des chefs d’État, des experts en énergie et des dirigeants du secteur privé pour tracer la voie vers un accès universel à l’énergie.

Lors du sommet, plusieurs gouvernements africains présenteront leurs pactes nationaux sur l’énergie, soulignant leurs engagements en matière de réformes et d’actions à court terme pour atteindre leurs objectifs énergétiques. Ces pactes mettront en valeur les stratégies et partenariats innovants déployés pour faire progresser l’accès universel à l’énergie de manière fiable, abordable et durable. Le sommet soulignera également le rôle essentiel de partenaires internationaux tels que la Fondation Rockefeller, Sustainable Energy for All (SEforALL) et la Global Energy Alliance for People and Planet (GEAPP), qui mobilisent des ressources et une expertise pour soutenir cette mission.

Le sommet dévoilera notamment de nouveaux engagements en matière de dépenses et des initiatives innovantes visant à encourager les pays africains à mobiliser davantage de ressources nationales pour financer le déploiement accéléré d’infrastructures d’énergie verte sur le continent.

Par Wale Shonibare

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