La pénétration de l’Internet se fait encore à un rythme jugé trop lent en Afrique. Pourtant c’est un continent qui peut profiter des dividendes numériques pour son économie en dépit encore de fractures numériques.
« La pénétration de l’Internet en Afrique a franchi la barre des 15%, et c’est important« , affirme Nii Quaynor, un scientifique qui a joué un rôle clé dans l’introduction et le développement de l’internet en Afrique. Il est connu comme le « père de l’Internet » sur le continent.
Cependant, les Africains n’ont pas développé la capacité de produire suffisamment de logiciels, d’applications et d’outils pour donner aux économies les dividendes dont ils ont cruellement besoin.
La pénétration d’Internet sur le continent africain n’a pas suivi la diffusion de la téléphonie mobile. En 2016, seulement 22% de la population du continent utilisait Internet, contre une moyenne mondiale de 44%, selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), l’agence des Nations Unies qui traite des questions relatives aux technologies de l’information et de la communication. Et seulement 11% des Africains ont accès à l’Internet 3G, ce qui permet aux opérateurs mobiles d’offrir une vitesse de traitement de données élevée.
Accès à la technologie
L’UIT note que les personnes les plus susceptibles d’avoir accès au numérique en Afrique sont des hommes vivant dans des zones urbaines ou des villes côtières où des fibres sous-marines sont disponibles.
McKinsey & Company, une firme internationale de conseil en gestion, estime que si l’accès à Internet atteint le même niveau de pénétration que les téléphones mobiles, le PIB de l’Afrique pourrait atteindre 300 milliards de dollars. D’autres experts s’accordent à dire qu’un meilleur accès à la technologie pourrait changer la donne pour le développement et la réduction des inégalités de revenus en Afrique.
En Afrique subsaharienne, les 60% les plus riches sont près de trois fois plus susceptibles d’avoir accès à Internet que les 40% les plus pauvres, et ceux des zones urbaines sont plus de deux fois plus susceptibles d’avoir accès que ceux des zones rurales selon le rapport sur le développement de la Banque Mondiale en 2016.
Ce même rapport note que les dividendes numériques, qu’il décrit comme «un développement plus large bénéficiant de l’utilisation de ces technologies», n’ont pas été distribués de manière égale. «Pour que les technologies numériques profitent à tout le monde, il faut combler le fossé numérique qui subsiste, en particulier en ce qui concerne l’accès à Internet», affirme la Banque.
Selon la Banque Mondiale, deux millions d’emplois seraient créés dans le secteur des TIC en Afrique d’ici 2021. En général, les programmeurs analystes, les professionnels des réseaux informatiques et les administrateurs de bases de données et de systèmes trouveront des emplois dans le secteur.
Le potentiel de création de millions d’emplois dans le secteur vise en particulier les jeunes du continent, qui représentent 60% des chômeurs africains et sont sans emploi à un taux deux fois supérieur à celui des adultes.
La technologie peut également aider à combler les inégalités causées par le manque d’éducation. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, plus d’un cinquième des enfants âgés de 6 à 11 ans ne sont pas scolarisés, et un tiers des jeunes entre 12 et 14 ans. Presque 60 % des jeunes entre 15 et 17 ans ne vont pas à l’école.
Le développement du e-learning
L’apprentissage en ligne continue de croître en raison de son accessibilité. En effet, IMARC Group, société d’études de marché avec des bureaux en Inde, au Royaume-Uni et aux États-Unis, a annoncé en 2017 que le marché de l’e-learning en Afrique vaudrait 1,4 milliard de dollars d’ici 2022. Il améliorera le niveau d’éducation. Cela contribuera positivement aux économies du continent.
Eneza Education, par exemple, une plate-forme d’apprentissage basée au Kenya, a dépassé le million d’utilisateurs en 2016. La plate-forme permet aux utilisateurs d’accéder à du matériel d’apprentissage en utilisant divers appareils. Ils peuvent accéder aux cours et aux quiz par SMS pour seulement 10 shillings kenyans (0,10 USD) par semaine. Eneza s’adresse aux étudiants et aux enseignants des zones rurales où les opportunités sont limitées.
Un écosystème porteur indispensable
Une bonne pénétration numérique est une condition nécessaire mais insuffisante. Il faut aussi une bonne gouvernance, un climat des affaires sain, l’éducation et la santé, également appelés «compléments analogiques», pour assureront une base solide à l’adoption des technologies numériques et lutter plus efficacement contre les inégalités, conseille la Banque mondiale. Même avec une adoption numérique accrue, la Banque affirme que les pays qui négligent les compléments analogiques ne connaîtront pas une augmentation de la productivité ou une réduction des inégalités.
Les Nations Unies se sont fixé comme objectif de connecter tous les habitants de la planète à Internet haut débit abordable d’ici à 2020.
De même, l’Union africaine a lancé en 2014 une mission de dix ans pour encourager les pays à passer à des économies fondées sur l’innovation. Cette mission fait partie de son ambitieux Agenda 2063 visant à transformer la situation socio-économique et politique du continent.
Libre traduction de l’article : Digital revolution holds bright promises for Africa