La Déclaration de Paris-Afrique, élaborée lors du Forum Invest in African Energy (IAE) de 2024 à Paris, a marqué un tournant dans la quête de l’Afrique pour des solutions énergétiques durables. Visant à renforcer la transition énergétique du continent tout en s’attaquant au problème urgent de la pauvreté énergétique, la déclaration a fixé des objectifs ambitieux pour élargir l’accès à une énergie propre, abordable et fiable.
À l’approche de l’édition 2025 du forum, le moment est venu de réfléchir aux progrès réalisés depuis la Déclaration de Paris-Afrique et d’évaluer la manière dont ces initiatives façonnent l’avenir énergétique de l’Afrique.
Engagement accru en Afrique
Dans les mois qui ont suivi la déclaration, les investisseurs internationaux, les banques de développement et les sociétés de capital-investissement ont montré un intérêt constant pour le marché africain de l’énergie. Une étape clé a été le lancement de la Banque africaine de l’énergie par la Banque africaine d’import-export et l’APPO, marquant la création d’une institution inédite conçue pour financer et faciliter les initiatives énergétiques sur tout le continent.
Plusieurs décisions d’investissement finales ont été conclues avec succès, notamment le projet en eau profonde Bonga North de Shell, d’un montant de 5,5 milliards de dollars. En outre, les partenariats stratégiques, notamment les nouveaux CPP signés par Panoro Energy en Guinée équatoriale et BW Energy au Gabon, montrent comment les collaborations internationales accélèrent le développement énergétique et créent de nouvelles opportunités d’exploration et de production. Cet engagement accru est essentiel pour combler le déficit de financement qui freine depuis longtemps la croissance du secteur énergétique africain.
Le gaz naturel continue de jouer un rôle central dans la stratégie énergétique de l’Afrique en tant que combustible de transition. La Déclaration de Paris sur l’Afrique a souligné son importance en tant que passerelle entre les sources d’énergie traditionnelles et les énergies renouvelables. Au cours de l’année écoulée, des progrès significatifs ont été réalisés dans l’exploration du gaz naturel et les exportations de GNL.
Parmi les développements notables, citons la première production de gaz du projet Greater Tortue Ahmeyim LNG au Sénégal, les premières exportations de GNL de la République du Congo vers l’Italie à partir du projet Congo LNG, l’obtention du permis de construction du projet UTM FLNG au Nigéria et la première production de gaz du projet Sanha Lean Gas Connection en Angola, entre autres.
Ces initiatives sont non seulement cruciales pour faire avancer la transition énergétique de l’Afrique, mais servent également de puissants moteurs de croissance économique en créant des emplois et en faisant progresser le développement des infrastructures.
Parallèlement, des pays comme l’Afrique du Sud, l’Égypte et le Maroc sont à l’avant-garde du développement de l’énergie éolienne et solaire, et cette dynamique devrait s’intensifier à mesure qu’ils atteignent leurs objectifs en matière d’énergies renouvelables et explorent de nouvelles opportunités de croissance.
Ces investissements favorisent une transition vers une énergie plus propre et plus durable en Afrique, même si des défis subsistent.
Le coût élevé des technologies renouvelables et l’insuffisance des infrastructures de réseau continuent d’entraver l’expansion, soulignant la nécessité d’investir davantage dans les solutions hors réseau et les mini-réseaux.
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Les déficits d’investissement persistent
Malgré ces avancées, l’Afrique est toujours confrontée à d’importants défis en matière d’investissement. Le déficit de financement des projets énergétiques à grande échelle reste important et, bien que le secteur privé se soit davantage impliqué, de nombreux projets peinent encore à obtenir les capitaux nécessaires.
En particulier, le coût du financement reste élevé en raison des risques perçus associés aux investissements énergétiques en Afrique. C’est là que des efforts continus pour réduire les risques liés aux investissements et favoriser les partenariats public-privé sont essentiels pour libérer tout le potentiel énergétique du continent. La capacité institutionnelle continue d’être un défi pour de nombreux pays africains.
Bien que des progrès aient été réalisés dans l’amélioration des cadres réglementaires, il reste nécessaire de mettre en place des politiques plus claires, de rationaliser les processus d’autorisation et de mieux faire appliquer les réglementations.
Les gouvernements doivent continuer à renforcer leurs institutions pour mettre en œuvre efficacement les projets énergétiques et créer un environnement propice aux investisseurs locaux et internationaux.
À quelques mois du forum IAE 2025, les acteurs du secteur ont l’occasion de réfléchir aux progrès réalisés depuis la Déclaration de Paris sur l’Afrique et de déterminer les prochaines étapes pour l’avenir énergétique du continent.
Le forum sert de plateforme aux responsables gouvernementaux, aux chefs d’entreprise et aux institutions financières pour renouveler leurs engagements, partager leurs réussites et relever les défis actuels. Bien que la route vers l’accès universel à l’énergie et un avenir énergétique durable soit longue, la déclaration a établi le cadre d’un effort collectif qui peut conduire à un changement significatif.
Avec les investissements appropriés, les cadres réglementaires et la volonté politique, l’Afrique peut émerger comme un leader mondial de l’innovation et de la durabilité énergétiques.