Le cabinet Horwath HTL vient de réaliser à la demande de Bpifrance l’une des études les plus détaillées sur l’impact de la crise du COVID et les perspectives de sortie de rebond sur le secteur de tourisme.
L’étude examine également la situation dans les principaux secteurs d’activité touristiques, et met en évidence des perspectives de reprises différenciées sur les années 2021 à 2023.
La perte globale sur l’année 2020 sera de l’ordre 500 millions de nuitées touristiques en France (-32%) correspondant à un déficit de consommation touristique d’environ 60 milliards d’euros*. L’impact sur les activités touristiques prises en compte dans le cadre de l’étude est présenté dans le tableau ci-dessous.
Les Français, principale source de demande touristique en sortie de crise
Lorsqu’ils pourront à nouveau se déplacer, les Français auront une priorité forte : retrouver leur famille et amis, surtout s’ils habitent à proximité ; ce sera aussi l’occasion de profiter d’une résidence secondaire. L’hébergement non marchand, qui représente habituellement 2/3 des voyages personnels des Français en Métropole, sera ainsi le premier à rebondir ;
Pour l’été, les Français privilégieront les destinations connues et rassurantes et resteront donc essentiellement en France (sachant que 87% des séjours personnels des Français en été sont habituellement effectués en France), avec en plus un report sur la France de la plupart des 5,5 millions de séjours estivaux qui auraient été effectués à l’étranger dans d’autres circonstances ;
Les réservations se feront au dernier moment, compte tenu de l’incertitude sur la possibilité de voyager et de la crainte de ne pas être remboursé en cas d’annulation : l’offre devrait donc être toujours disponible cet été ;
Les touristes internationaux : 2020, une année désastreuse
2020 doit être considérée comme une année quasiment blanche pour le tourisme international, en France comme dans les autres pays. On attend une chute drastique des arrivées internationales en France en 2020 estimée, selon l’approche par segment, à – 58% par rapport à 2019, soit une perte de 52 millions d’arrivées ;
Le nombre record de touristes internationaux de 2019 en France pourrait être atteint à nouveau en 2022, mais avec un niveau de dépenses probablement moindre.
Les clientèles européennes (Espace Schengen) devraient être les premières à revenir en France, au mieux dans le courant de l’été
pour les habitués frontaliers et les affinitaires, et à partir de l’automne pour les autres, permettant d’amorcer le rebond des destinations et établissements ayant particulièrement souffert pendant l’été : les destinations les plus internationales comme Paris et la Côte d’Azur, et les établissements haut de gamme, plus dépendants des clientèles internationales ;
La clientèle des marchés lointains (Amériques et Asie) n’est pas attendue avant 2021 ;
L’hébergement : de fortes disparités selon les typologies et les gammes
Les hébergements touristiques marchands auront perdu sur l’ensemble de l’année 2020 environ 150 millions de nuitées (- 30%) correspondant à
une baisse de 36% de chiffre d’affaires ;
Dans l’hôtellerie, nous prévoyons une baisse d’environ – 40% de nuitées, avec – 30% pour la clientèle française et – 60% pour la clientèle étrangère,
et un maintien du prix moyen.
Les activités MICE et les déplacements professionnels : de profondes mutations à venir
Au 1 er avril, les adhérents de l’UNIMEV ont d’ores et déjà déclaré le report de 180 événements initialement prévus entre avril et décembre 2020 (et la liste ne fait que s’allonger). De nombreux reports sont encore planifiés avant l’été (105 sur 180), ce qui pose la question du « retour à la normale » de l’activité et de la nature du déconfinement qui sera décidé ;
On assiste aussi à la transformation virtuelle d’événements prévus au printemps : plusieurs gros événements, congrès et salons comme le MIPIM, le MIDEM, le Forum Series Mania… (11 déclarés à l’UNIMEV au 1 er avril)
Le nombre de voyages professionnels des Français en 2020 devrait baisser de – 34% pour les voyages en France et – 62% pour les voyages à l’étranger, avec une réticence patente des entreprises à envoyer leurs collaborateurs à l’étranger ; de la même façon, les voyages professionnels des étrangers en France diminueront de – 55%.
Les voyagistes et agences de voyages : un avenir incertain
Dès le début du mois de mars, les voyagistes et agences ont enregistré une baisse des réservations pour les voyages du printemps et de l’été à l’étranger (entre – 40% et – 50% selon le baromètre Orchestra), et ont dû faire face à des demandes d’annulation de la part de clients inquiets de l’évolution de la situation sanitaire dans le monde.
Les voyages à l’international, qui représentent généralement 78% du nombre de forfaits et 83% du chiffre d’affaires des voyagistes, seront pratiquement nuls jusqu’à la fin de l’été, soit une perte cumulée de 85% en nombre de forfaits entre le début de l’année et la fin de l’été 2020 ;
L’avenir des TO et agences de voyages est questionné depuis une vingtaine d’années, avec d’une part l’autonomisation des voyageurs dans la préparation et l’achat de voyages et séjours, et d’autre part la place dominante des grands acteurs du numérique dans le marché de la réservation en ligne. La question est de savoir si les acteurs traditionnels de la production et de la distribution seront à l’avenir mieux ou moins bien placés pour répondre à la demande post-crise, voire pour l’anticiper ;
Les voyagistes et agences disposent d’arguments qui pourraient réassurer une clientèle désireuse de voyager : leur expertise, supposée et à démontrer, des destinations ; leur responsabilité dans l’exécution de la prestation ; la proximité (notamment géographique) avec le client et la connaissance de ses attentes
Source, le rapport dans sa totalité disponible en cliquant sur ce lien
Nouvelle étude Horwath HTL France : l’impact du COVID sur le secteur du tourisme