Extrait d’un article rédigé pour le site communautaire et la web tv : www.techtoctv.com
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Qu’est-ce qui justifie le passage de l’Intranet 1.0 au 2.0 ?
Que le temps du déploiement d’un intranet qui était perçu avec beaucoup de scepticisme , inspirant des résistances tangibles chez les grands groupes, semble désormais à des années lumières. Et pourtant, dix ans à peine ! Je me souviens, en effet, de mes premiers contacts avec les hautes directions pour les convaincre de la pertinence de la mise en place d’un intranet afin d’améliorer la gestion des projets, fluidifier la communication entre services, bénéficier de retour d’expériences enrichissant pour les projets à venir et ainsi éviter de répéter les erreurs du passé.
Objet de la plus grande méfiance car ces hautes directions se sentaient (faussement pour cause de méconnaissances) soudainement déposséder de l’un de leur atout maître : le savoir. Sans parler de faire participer le plus grand nombre à la vie de l’entreprise, une vraie révolution copernicienne en termes de management des équipes et des projets ! Mais, parfois, accélérée de facto par l’arrivée de la « Génération Digital Natives », celle nourrit au biberon (sur) vitaminé des nouvelles technologies en évolution constante et à une vitesse vertigineuse.
Preuve, cependant, de cette évangélisation globalement réussie : on parle d’Intranet à la sauce Web 2, surtout en cette période de crise aigüe qui pousse les entreprises à mettre en oeuvre des modèles inédits de gestion des projets et des ressources humaines pour répondre aux nouveaux défis qui leur sont brutalement posés.
Mais au fait qu’est-ce qui justifie le passage de l’Intranet 1.0 au 2.0 ?
Avant tout, comment se définit un Intranet 2.0, quel est son ADN par rapport à un Intranet de première génération ? Il se reconnaît à plusieurs signes particuliers facilement identifiables pour l’entreprise qui lui permettront de savoir à quelle étape elle en est précisément dans l’implémentation de son Intranet :
Un intranet 2.0 est ‘‘profilé’‘, autrement dit, il part de l’individu et de sa connaissance qu’on en a que ce soit en termes de métier, de statut et de centres d’intérêt. Comme le rappelle l’Observatoire de l’Intranet, le «mieux» remplace le «trop» d’information.
Autre signe distinctif : la mise en place d’une organisation structurante. En d’autres termes, une organisation qui répond à la trilogie suivante : le recours à une technologie, la formalisation des procédures (qui met à jour quoi, de quelle façon) et une organisation et une procédure qui sont portées par le management. Il en ressort une plus grande dynamique des usages.
L’intranet 2.0 implique un pilotage par les indicateurs grâce à une traçabilité précise (cession, loggin…) qui permet d’obtenir une photographie de très haute résolution sur les usages, ce que les collaborateurs utilisent ou pas et leurs attentes. D’où une meilleure optimisation du fonctionnement de l’Intranet 2.0 par une pertinence des contenus et de l’organisation.
Néanmoins, le passage ne se fait pas sans douleur pour toute entreprise car un Intranet 2.0 c’est une »fracture radicale ».
C’est pourquoi, Vincent Berthelot émet des réserves sur la réalité du déploiement d’Intranet 2.0 dans le monde des entreprises. D’ailleurs, les chiffres lui donnent raison et on les découvre non sans surprise : ainsi, d’après Arctus, seulement 15% des entreprises équipées d’Intranet auraient intégrées Le Web 2.0. Sans parler des résistances tout de même encore à l’oeuvre : selon le blog Brent, les »non intranéisés » correspondrait en moyenne à 30% de la population !
Mais une fracture à quels titres ?
La mise en place d’Intranet 2.0 ne se décrète pas car elle relève, avant tout, de l’ordre de la philosophie car elle est liée à une vision : du management, de la gestion, des projets, de l’organisation… Des visions totalement innovantes, qui mettent à bas les façons de connecter les collaborateurs, de traiter l’information. L’ère des silos verticaux, des structures pyramidales, est révolue comme le décrit Michel Germain. L’heure du décloisonnement, des procédures horizontales a sonné.
Décentralisation, partage, dialogue, mutualisation sont les maître mots de l’Intranet 2.0. Ce qui signifie une réelle prise de risque pour l’entreprise dans ce schéma ascendant car elle induit un bouleversement psychologique des directions.
Cette révolution dont est porteur l’Intranet 2.0 est mise en évidence par Mintzberg, un des plus grands spécialistes de la sociologie des organisation : au »leadership » modèle triomphant, incontesté et hégémonique au coeur des structures de pouvoir et d’organisation des entreprises au cours des dernières décennies, place au »community-ship » : désormais, les leaders sont issus de la communauté, c’est elle-même qui les désigne. Avantage pour ces leaders nouvelle génération : ils bénéficient d’une légitimité naturelle accrue.