L’Institut Montaigne vient de publier un rapport intitulé »Le partenariat Union européenne (UE) – Afrique » qui entend proposer est ambitieux, ancré dans des priorités mises en œuvre à travers des outils concrets.
Le rapport formule des recommandations pour »bâtir un partenariat renouvelé entre deux continents, l’Afrique et l’Europe ».
Ses auteurs rappellent que »cette relation singulière entre deux continents devrait pousser des centaines de chercheurs, de responsables politiques, d’économistes, d’étudiants, et de simples citoyens à s’y intéresser de près et à formuler des propositions audacieuses. »
Cependant, ces mêmes auteurs déplorent que »malheureusement, trop peu en Europe et en Afrique explorent, questionnent cette relation et souhaitent en tisser une nouvelle » jusqu’à présent.
Une communauté de destin dans un contexte en perpétuelle évolution
Alors que le contexte a profondément évolué depuis 2000, l’UE et l’Afrique sont liées par de multiples enjeux et intérêts communs, sur quatre questions clés : diplomatie, multilatéralisme et influence internationale ; économie, développement et finances ; sécurité et défense ; changement climatique et mobilité humaine.
Une communauté de destin qui appelle à un partenariat fort et renouvelé entre l’UE et l’Afrique. Pour ce faire, la vision de ce partenariat doit être centrée sur les Objectifs de développement durable (ODD) et reposer sur une meilleure connaissance mutuelle, avec comme objectif ultime la création d’emplois en Afrique.
Ancrer cette vision dans des priorités
Pour un partenariat et une croissance économique mutuellement bénéfiques, Europe et Afrique doivent définir et travailler ensemble sur des priorités.
• L’environnement des affaires : l’insécurité juridique et la corruption nuisent encore trop souvent à l’attractivité des pays africains pour les entreprises européennes comme africaines, tandis que les besoins en infrastructures sont considérables.
• L’industrialisation et l’insertion dans l’économie mondiale : l’Afrique ne représente aujourd’hui que 2 % des chaînes de valeur mondiales. Les économies africaines, centrées en grande partie sur les matières premières, sont insuffisamment compétitives et peu génératrices de valeur ajoutée localement.
• La fiscalité : alors que les besoins de financement du développement sont estimés à plus de 600 milliards de dollars par an pour le continent, les États africains mobilisent encore insuffisamment leurs ressources domestiques. Cela pèse non seulement sur la capacité des États à financer des services publics efficients mais aussi sur l’attractivité de l’économie.
• L’intégration régionale : le commerce intra-africain représente moins de 18 % des échanges du continent. Le succès récent de l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC) ne doit pas masquer les défis futurs de l’intégration régionale africaine.
• La formation professionnelle : la formation professionnelle, marginalisée au sein des financements européens destinés à l’éducation et inadaptée aux besoins des entreprises et des économies, n’est pas à la hauteur des besoins du continent africain, qui devra accueillir 30 millions de jeunes sur son marché du travail chaque année.
Les propositions de l’Institut Montaigne reposent sur plusieurs axes forts
Repenser le paradigme du partenariat UE-Afrique
Partager une vision commune du partenariat
Autrement dit, centrer le partenariat UE-Afrique autour des 17 Objectifs de développement durable (ODD). S’appuyer sur ces objectifs pour faire du partenariat UE-Afrique un espace de réciprocité et d’équilibre des échanges pour une meilleure appropriation par chacune des parties des enjeux nationaux, continentaux et mondiaux. Faire de l’environnement des affaires une priorité commune
C’est faire aussi de l’environnement des affaires une priorité commune Par exemple par la mise en place d’une chambre arbitrale euro-africaine sur les litiges commerciaux, financiers et judiciaires qui touchent les entreprises européennes en Afrique et africaines en Europe.
Miser sur les institutions pour renforcer les intégrations régionales et continentales. Grâce à la définition d’une feuille de route précise pour développer une relation forte de continent à continent entre l’Union africaine (UA) et l’UE où cette dernière pourrait mieux partager son expertise d’intégration acquise au cours de ses 60 années d’existence.
Porter ensemble une ambition économique forte qui s’appuie sur trois objectifs prioritaires :Structurer une offre européenne sur les infrastructures, Renforcer la valeur ajoutée produite en Afrique et financer l’agriculture, soit 60 % des actifs africains.
Ce qui passe par l’emploi d’outils plus efficaces
Mobiliser davantage de ressources domestiques en orientant davantage de financements vers la formation des administrations fiscales africaines et soutenir la coopération entre administrations fiscales africaines.
Appuyer le secteur privé, PME et ETI en priorité en facilitant l’accès aux outils de financement européens pour les PME et ETI européennes et africaines en leur octroyant un accès simplifié.
Recourir davantage à la finance mixte (« blending finance ») en augmentant l’utilisation du « blending finance » et en associant ressources publiques et privées.
La connaissance et le savoir, des préalables indispensables
Ce qui signifie investir davantage dans la formation professionnelle, allouer des financements européens conséquents à la formation, en particulier à la formation technique (productivité pour le milieu agricole, agents de maîtrise dans l’industrie et les services) et à la formation des formateurs.
Développer les acteurs de terrain et les maîtrises d’ouvrage de demain Il faut entendre cartographier, structurer et animer un réseau de nouveaux acteurs économiques, politiques et culturels africains. Accentuer l’effort financier dédié au renforcement des organisations, des compétences et de la gouvernance de ces structures.
Lien vers le rapport de l’Institut Montaigne »Europe – Afrique : partenaires particuliers »